Enfin l’Arjel constate que l’addiction aux jeux en France augmente
Elle a remis au gouvernement un rapport contenant 33 recommandations pour améliorer considérablement la lutte contre l’addiction dans les années à venir.
33 propositions définies par l’Arjel pour l’addiction aux jeux
Bien consciente que l’addiction aux jeux d’argent est devenue un véritable phénomène sociétal, l’Autorité de Régulation des Jeux d’Argent en Ligne (ARJEL) vient de montrer sa ferme volonté de lutter contre ce fléau.
A cet effet, elle a remis enfin au gouvernement un rapport contenant 33 recommandations pour améliorer considérablement la lutte contre l’addiction dans les années à venir.
Cependant, ce qui nous paraît paradoxal, c’est d’avoir libérer les jeux d’argent en ligne en 2010 sans avoir auparavant penser que cette libération pouvait entraîner des conséquences très néfastes (voir suicide d’un joueur à cause des paris sportifs de la FDJ ou la ruine de certains joueurs du jeu Rapido Amigo entre autres).
D’autre part, pourquoi aucune étude sérieuse sur l’addiction de la part du gouvernement n’a pas été réalisée avant 2010, ne serait-ce que pour les jeux de la FDJ, du PMU et des casinos français en dur ?
Bref, il n’est jamais trop tard pour avoir une prise de conscience. Voilà ce que doivent se dire aujourd’hui de nombreuses associations qui luttent contre l’addiction des joueurs depuis fort longtemps.
Eh oui, si les jeux d’argent peuvent permettre de passer un bon moment, ils peuvent aussi plonger les individus les plus fragiles dans un cercle vicieux qui mêle isolation, dépression et endettement et qui peut malheureusement conduire jusqu’au suicide.
Et il semblerait que l’ARJEL s’en préoccupe seulement aujourd’hui avec plusieurs préconisations visant à mieux lutter contre l’addiction.
Pourtant, dès 2010, avant même que le marché des jeux en ligne ne soit légalement encadré, une étude restée sous silence avait mis en avant que 22,7% des joueurs français avaient des comportements de jeu problématiques, un chiffre qui aurait dû alarmer l’ARJEL et l’Etat quant à l’importance de la lutte contre l’addiction.
Ces derniers auraient alors pu constater que la simple obligation pour les opérateurs de jeux de « mettre en place des modérateurs et tenir à la disposition des joueurs un service spécialisé dans la prise en charge de l’addiction » ne pouvait être suffisante.
Mais certains argueront sans doute que cette mesure aurait pu suffire étant donné qu’elle était accompagnée d’importantes campagnes de sensibilisation sur les risques du jeu, d’une protection des plus vulnérables (interdiction de communication commerciale vers les plus jeunes, mécanismes d’auto-exclusion) et d’un repérage des joueurs problématiques.
Pour autant, c’est bel et bien avec près de 3 ans de retard que l’ARJEL va enfin mener une “vraie” politique de lutte contre l’addiction.
Et pour cela, le gendarme des jeux d’argent a bien des idées qui s’articulent autour de quatre grands axes : l’amélioration des dispositifs d’information et de sensibilisation, le renforcement des mécanismes de régulation, la détection et l’accompagnement des joueurs problématiques et la mesure de l’évolution des comportements addictifs.
Voyons plus en détails quelles sont donc les préconisations de l’ARJEL
En premier lieu, la haute autorité des jeux en ligne a tenu à noter que les messages de mise en garde contre l’addiction ne sont pas systématiquement visibles ou lisibles.
Ainsi, elle juge indispensable que la réglementation s’adapte aux nouveaux formats (smartphones et tablettes entre autres) et aux évènements (nécessité de mettre en garde par exemple le public d’un stade où prône une publicité pour un opérateur).
Comme dans d’autres pays, l’ARJEL recommande également une limitation de la communication publicitaire télévisuelle et radiophonique des opérateurs.
Enfin, toujours dans une optique de sensibilisation, l’autorité présidée par M. Vilotte (mise à jour : l’Arjel est désormais présidée par Charles Coppolani) estime que la notion de jeu responsable doit être expliquée de manière claire et précise sur les sites de jeux et que les salariés des opérateurs de jeux en ligne doivent être capables de sensibiliser les joueurs sur les risques de l’addiction d’où la nécessité de leur faire suivre une formation.
Tout ceci pourrait être complété par la mise en place d’un outil d’estimation des dépenses des joueurs en fonction de leurs revenus afin d’optimiser la lutte contre les comportements addictifs.
En second lieu, l’ARJEL insiste sur l’importance de renforcer les mécanismes de régulation et de mettre en place de vraies sanctions contre les opérateurs violant les règlements.
Pour ce faire, il semble indispensable que les opérateurs soient contraints de stocker l’intégralité des données des joueurs afin de pouvoir suivre aisément leur comportement.
Les procédures d’interdiction de jeux doivent être simplifiées et le contrôle des interdits de jeux renforcé.
Ainsi, il sera possible de protéger de nombreux joueurs contre l’endettement et les autres conséquences de l’addiction.
Dans la même lignée, les mécanismes d’auto-modération doivent être renforcés avec la mise en place de fenêtre type pop-up, capable d’indiquer aux joueurs le temps passé à jouer et les montants déposés, et même pourquoi pas d’une limitation légale du temps passé à jouer à une table de poker avec déconnexion une fois la durée atteinte.
Les paiements par cartes prépayées (comme PaysafeCard, Néosurf, Ukash ou par Ticket Premium par exemple) serait eux à bannir si on en croit les recommandations de l’ARJEL.
Pourtant, ces cartes, selon l’ancien gouvernement, devaient réduire l’addiction… Il est quand même affolant de constater tant de contractidions !
En dernier lieu, l’ARJEL préconise la mise en place d’une procédure de suivi des joueurs problématiques et pathologiques… Enfin du bon sens dirons-nous !
Mais l’exécutif adoptera-t’il les recommandations de l’Arjel ? Pas si sûr…
Ainsi, les opérateurs doivent être capables de les détecter et une fois cette étape passée, de les inciter à procéder à une auto-évaluation de leur comportement avant de les adresser au service d’aide en charge des joueurs addicts.
Et bien sûr, parce qu’il est capital de connaître les effets d’une politique, il est capital également de mener des études périodiques afin de voir l’évolution du nombre de joueurs souffrant d’addiction aux jeux.
A noter que l’ARJEL n’évalue à aucun moment le coût de la mise en place de cette politique de lutte contre l’addiction.
On note juste que l’argent des comptes de joueurs fermés sans que ces derniers ne retirent leurs fonds sous 5 ans pourrait être reversé à des associations luttant contre l’addiction.
On trouve donc là une recommandation originale mais qui ne permettra certainement pas de financer l’ensemble du projet.
Or, peut-on imaginer que l’Etat daigne sortir ses deniers pour que les joueurs jouent moins et diminuent donc indirectement les recettes perçues par l’Etat ?
Pas certain, mais au moins l’ARJEL aura pris son rôle au sérieux et aura montré que la lutte contre les addictions était bien son nouveau cheval de bataille.
Avec le pactole des jeux en France encaissé par l’Etat, les politiques sauront-ils entamer une petite escapade vers la baisse de recettes ?
Hum…, on demande à voir. Pire encore ! En effet, aux dernières nouvelles, un “petit Las Vegas” dans le Gard serait à l’étude par le gouvernement.
30 Hôtels-Casinos pourraient surgir de terre. Bref, de quoi freiner l’addiction ? L’Arjel va avoir du pain sur la planche afin de se faire entendre.
Nous avons remarqué aussi que l’addiction aux jeux était toujours en rapport avec les jeux en ligne, mais jamais avec les jeux en dur. Bizarre non ?
Pour exemple, quand la FDJ recevra l’ordre de freiner la sortie de nouveaux jeux de grattage tous les mois ?
Quand les opérateurs impliquant l’Etat seront-ils interdits de spots télé à n’importe quelle heure de la journée ? Et tant d’autres questions…