L’hécatombe des sites de poker en ligne français
Le secteur du poker en ligne en France est en grande difficulté. Winga, Titan, EurosportBet, Sajoo, Subito, Tranchant ou encore Chilipoker, Partouche et Barrière Poker ont décidé de fermer leur site.
Le désastre d’une loi dont l’axe freine la concurrence ?
Il y a un peu plus de deux ans, le législateur français décidait d’ouvrir le marché des jeux en ligne hexagonal en l’encadrant de lois souvent décriées par les opérateurs du jeu en ligne ainsi que les joueurs.
Deux ans plus tard, le secteur est en grande difficulté et Winga, Titan, EurosportBet, Sajoo, Subito, Tranchant ou encore Chilipoker, Barrière Poker et Partouche ont décidé de fermer leur site.
Mais cette tendance marque-t-elle la mort d’un secteur ou bien la nécessaire restructuration de celui-ci ?
En 2010, la France annonçait l’ouverture de son marché des jeux en ligne tout en conservant la mainmise sur ce dernier grâce à des lois plutôt protectionnistes.
De nombreux opérateurs de jeux en ligne et en particulier de poker se mettaient alors en conformité avec les règles édictées par l’ARJEL (Autorité de Régulation des Jeux en Ligne) afin d’intégrer le marché français et développer une activité en profitant des belles opportunités offertes par le marché français.
Malheureusement, deux années plus tard, le marché a rendu son verdict et tous les opérateurs n’ont pas réussi à se trouver une clientèle, loin de là.
Pas étonnant donc que Winga et Chilipoker aient annoncé récemment leur retrait du marché du poker en ligne français.
Il faut dire que de nombreux réseaux tels Playtech ou Microgaming se sont surtout fait connaître par leur manque d’activité et par un désintérêt fortement marqué pour le marché français.
Les représentants des deux réseaux avouaient d’ailleurs récemment dans des interviews accordées à la presse que « les conditions actuelles du marché français ne les intéressaient pas ». Ils faisaient même un appel clair et précis à « une taxation plus réaliste ».
D’ailleurs, Playtech était beaucoup plus actif sur le marché français avant 2010 puisque le réseau de joueurs collaborait déjà avec d’importants sites de poker en ligne comme Titan Poker ou encore Poker770.
Preuve que “l’ouverture” du marché n’est peut-être pas la grande réussite souvent évoquée par l’Arjel.
Malgré ce constat plutôt alarmant sur l’état du marché des jeux en ligne, quelques sites français ont quand même su s’imposer et satisfaire les joueurs de poker.
On pense là à Winamax, Betclic Everest ou encore à PokerStars qui pour ce dernier, la réussite sur le marché français du poker était une évidence et avait même prévenu la FDJ qu’il ne suffisait pas uniquement de marketing agressif sur les médias pour être leader sur le marché du poker.
Bwin a lui aussi tenu bon mais sa guerre permanente contre Pokerstars pourrait bien lui faire perdre des plumes car, pendant que les deux opérateurs s’affrontent en justice, peu d’efforts sont faits en faveur des joueurs ce qui pourrait bien conduire même les plus assidus à aller jouer ailleurs.
Néanmoins, si les opérateurs que nous venons d’énumérer sont parvenus à se faire une place sur un marché pourtant très concurrentiel et donc à éviter un premier écrémage finalement attendu pour cause de fiscalité agressive, il n’empêche que de nombreuses améliorations sont à apporter de manière rapide afin d’assurer une réelle pérennité aux opérateurs encore existants.
Entre autres, après la non-application de la clause de revoyure à l’automne 2011, pourtant prévue dans la loi initiale, il devrait être indispensable de modifier l’assiette fiscale afin de rendre plus compétitifs les opérateurs du marché français.
De même, il pourrait être intéressant de mettre en place un partage des liquidités européennes, de nombreux opérateurs estimant que les nombreuses charges liées à la présence sur des multiples marchés rendent leur activité parfois quelque peu instable.
Alors, pourquoi ne pas imaginer une régulation des opérateurs de jeux en ligne par une institution européenne ? Difficile à l’heure actuelle de s’orienter vers cette voie tant les divergences sur le secteur sont importantes entre les différents pays européens.
Il n’empêche que l’hécatombe de nombreux sites de poker français depuis 2 ans était sans nul doute une étape « voulue » par les décisionnaires qui, rappelons-le, avait pour objectif de mettre en place un marché des jeux en ligne structuré autour d’une concurrence saine.
En ce sens, leur mission a été atteinte mais était-ce vraiment là la bonne solution ? N’était-il pas important que l’offre « légale » offerte aux joueurs soit large, variée et surtout d’éviter le cloisonnement des joueurs français ? A méditer…