Plan for Cyber-Safety : Le gouvernement australien a adopté le projet de loi
Casinos, poker, paris sportifs et autres jeux d’argent en ligne sont désormais bannis de la toile australienne.
Le Plan for Cyber-Safety du gouvernement australien
Le gouvernement australien a adopté un projet de loi très controversé, le Plan for Cyber-Safety, visant à censurer l’Internet, notamment en ce qui concerne les contenus jugés mauvais pour la santé (morale) de la nation.
Ainsi, l’Australie se sera démarqué en étant la première démocratie occidentale à mettre en place une censure radicale sur internet avec les Usa (loi UIGEA) en l’occurrence sur les jeux d’argent en ligne, et même le poker.
La pornographie et les jeux d’argent en ligne incriminés :
Ce fameux Plan for Cyber-Safety a décidé de prendre tout particulièrement pour cible les sites à caractère pornographique et ceux proposant des jeux d’argent en ligne, comme les casinos.
Concrètement, les autorités australiennes, via le Ministère des Communications, obligent les FAI (Fournisseurs d’Accès Internet) du pays à appliquer un filtre gouvernemental, qui est en quelque sorte une “blacklist” recensant toutes les adresses IP et les noms de domaine des sites jugés indésirables.
De cette manière, l’accès à ces sites sera tout bonnement impossible.
A cet effet, deux listes noires ont été établies par le gouvernement australien, qui seront placées sous la responsabilité de l’ACMA (ou Australian Communications and Media Authority), l’équivalent australien du CSA français (Conseil supérieur de l’audiovisuel).
Il faut dire que les autorités australiennes prennent très au sérieux la mise en œuvre de cette loi, rien qu’à en juger par le budget qu’elles comptent y allouer : 125,8 millions de Dollars (américains). Ce qui, il faut l’avouer, n’est pas négligeable !
Un dispositif de filtrage de sites bien huilé ?
La première partie du filtre gouvernemental s’attaque aux contenus jugés “illégaux”, comme ceux prêchant la légalisation de la vente de marijuana ou de l’euthanasie.
Les sites des anti-gouvernementaux et des protestataires en tout genres sont également classés dans cette première catégorie. Sur ce dernier point, c’est très inquiétant et nous fait penser à la Chine…
La seconde partie, quant à elle, regroupe tous les contenus interdits aux moins de 18 ans ainsi que ceux se rapportant aux jeux d’argent en ligne.
Ce second filtrage est appliqué par défaut par les FAI comme en France, mais les adultes australiens ont cependant la possibilité de le désactiver.
Il faut souligner toutefois qu’en Australie, les contenus intégrés sous l’étiquette “interdits aux mineurs” n’incluent pas seulement la pornographie, mais aussi les films et jeux vidéo considérés comme trop violents, le pays étant l’un des plus sévères sur ce type de classement.
En guise de comparaison, en France, l’interdiction globale touchant les moins de 18 ans et afférente aux contenus web existe pour seulement les sites classés X et ceux des jeux d’argent en ligne sont interdits à l’ensemble des mineurs.
Et encore, cette interdiction est assez relative puisqu’elle n’est pas aussi radicale qu’en Australie, voire même totalitaire… L’Australie sur les traces de la censure comme la Chine ?
C’est en tous les cas bien amorcé… Etonnant de la part du pays des Kangourous !
Par ailleurs, en ce qui concerne les thèmes jugés non appropriés pour les enfants, ils sont légions et couvrent un large spectre : le sexe bien évidemment, les sujets se rapportant à la politique et au social, la référence au suicide, au crime, à la corruption, aux problèmes de couple, aux traumatismes émotionnels, à la dépendance à l’alcool et autres drogues ; sans oublier tout ce qui se rapporte à la mort, aux maladies graves, au racisme,…
Ceci suffit à nous montrer l’envergure et la complexité de ce bouclier virtuel mis en place par les autorités australiennes.
Les amendes encourues :
Effectivement, le gouvernement australien a prévu des sanctions pécuniaires à l’encontre de ceux qui s’évertueraient à passer outre le filtre gouvernemental, notamment les fournisseurs d’accès à internet.
Ainsi, tout site web proposant des contenus jugés inadéquats voire dangereux pour les enfants, encourt une amende de 10 000 Dollars australiens.
Ceci concerne également les messages postés sur les newsgroups ainsi que les archives des mailing-listes. Et ce, malgré le fait que ces documents, protégés éventuellement par des mots de passe, aient été délivrés par des personnes ayant déclaré être des adultes.
A titre de comparaison, en Australie, la vente de matériel “offensant” à un mineur est punie, au maximum, de 5 000 Dollars australiens lorsqu’elle a lieu “hors ligne”.
Les talons d’Achille :
L’adoption de ce fameux Plan for Cyber-Safety a provoqué un tollé général car beaucoup d’entités y sont réticentes voire sceptiques.
Tout d’abord, il faut dire que ce système de filtrage a été mis en place par le gouvernement australien sans avoir consulté au préalable ses citoyens, comme d’ailleurs les parieurs et joueurs de poker en ligne en France.
Ce qui fait que le commun des mortels australien n’aura plus la possibilité d’effectuer le filtrage des contenus lui-même, mais devra se plier au filtrage effectué en amont par les FAI.
Par ailleurs, on évoque également le problème technique lié à la mise en place de ce filtre.
En effet, constituer un listing exhaustif de tous les sites incriminés, rien que pour ceux classés X, relève de la gageure, étant donné que de nouveaux sites voient le jour quotidiennement et ce, dans le monde entier.
Par conséquent, la seule alternative se révèle être le filtrage par mots clef… et encore !
Mais c’est là où le bât blesse, car des milliers de sites « clean » peuvent ainsi se retrouver bloqués, en raison de textes comportant les mots clefs indésirables.
A ce propos justement, les FAI australiens ont constaté, grâce à des essais préliminaires, que non seulement ce système ralentit significativement l’Internet en Australie, mais surtout que 10 000 pages web sur un million se retrouvent instantanément bloquées par erreur !
Ah les politiques, internet les dérange bien… En outre, on remet également en cause l’efficacité de ce dispositif sur le plan de la liberté des internautes.
En effet, le groupe de lobbying “Electronics Frontiers Australia” redoute les éventuels abus d’usage de ce filtre et les dérives qui en découlent, notamment par des trafics d’influence auprès du gouvernement en vue de blacklister un site.