Françoise Sagan, à 21 ans… déjà dans un casino
C’est à peine majeure, justement pour célébrer ses 21 ans, que Françoise Sagan entre pour la première fois dans le cercle envoûtant d’un casino.
“Bonjour tristesse”. Ce titre qui a fait la célébrité de Françoise Sagan alors qu’elle n’était âgée que de 18 ans à peine est l’expression qui illustre le mieux ce que sa disparition a entraîné dans le cœur de ses admirateurs.
Décédée d’une embolie pulmonaire à 69 ans après avoir vécu un demi-siècle de célébrité littéraire, Françoise Sagan a profité intensément de la vie.
De la gloire littéraire à la célébrité de ses frasques
Françoise Sagan, de son vrai nom “Françoise Quoirez” a vu le jour dans le Lot à Cajarc en 1935 au sein d’une famille bourgeoise.
Lorsqu’elle est âgée d’une dizaine d’années, elle déménage avec sa famille dans les quartiers chics de Paris.
Elle se fait renvoyer du couvent dans lequel elle est entrée en 1947, pour motif de manque de goût pour l’effort ainsi que de spiritualité insuffisante.
En 1951, elle échoue aux épreuves du baccalauréat.
En 1953, elle écrit son premier livre “Bonjour Tristesse” en seulement 7 semaines. Il lui apporte un succès brusque, voire brutal qu’elle a bien assimilé grâce à son éducation.
Des millions d’exemplaires se vendent comme des petits pains : trente millions sont vendus en France et un million Outre Atlantique.
Son œuvre est traduit en 15 langues. Des thèses lui sont consacrées dans les universités américaines tandis que plusieurs écoliers du monde entier apprennent la langue de Molière dans ses livres. Tout cela lui rapportera beaucoup d’argent.
Elle en dépense toutefois beaucoup plus encore, et elle le fera sa vie durant. Toute une série de livres suivra encore, retenant l’attention du public et de la critique.
Toutefois, Françoise Sagan ne recevra jamais un éminent prix littéraire.
Ses livres ont été éclipsés quelque peu par ses frasques qui ont forgé sa légende : ludopathie, addiction aux stupéfiants, amour de l’alcool et de la vitesse, scandales financiers, amitiés avec Mitterrand, accidents etc.
Françoise Sagan et sa passion pour les jeux de casino
A l’annonce de sa mort, bon nombre de joueurs eurent une pensée émue pour l’écrivaine qui a beaucoup hanté les casinos.
En effet, s’il fallait citer une ludopathe dans la communauté des écrivains français, son nom figurerait sans conteste parmi les têtes de liste.
Elle était attirée comme un papillon par une flamme par les jeux d’argent. Et toujours comme ce papillon, léger et fantasque, elle s’y est brûlée les ailes.
C’est à peine majeure, justement pour célébrer ses 21 ans, qu’elle entre pour la première fois dans le cercle envoûtant d’un casino.
D’abord à Cannes, puis le Casino de Monte-Carlo et enfin celui de Deauville, elle ira ensuite à Londres au Crocksford’s lorsqu’elle se voit refuser l’accès à ses casinos français préférés.
Elle ne pouvait en effet pas se passer de ses tapis verts, surtout pour la période de cinq ans qui lui a été imposée.
Aimant le frisson, l’excitation, en quête de plaisir et de sensation, d’extrême, il n’est certes pas étonnant que cette flambeuse ait apprécié autant le jeu et l’atmosphère feutrée ou survoltée des casinos. Il lui est arrivé de gagner.
Le Manoir de Breuil, son seul bien foncier fut acquis grâce à huit millions de francs anciens gagnés au Casino de Deauville. Il lui arrivait aussi de partir sans plus un jeton dans son sac.
Dans beaucoup de ses oeuvres, Françoise Sagan fait référence aux jeux de hasard
Elle écrit dans Répliques, Quai Voltaire ” Ce qui m’attire dans le jeu, c’est que les participants ne sont ni méchants ni radins, et que l’argent retrouve là sa fonction exacte: quelque chose qui circule, qui n’a plus ce caractère solennel, sacralisé, qu’on lui prête ordinairement. “
Les courses de chevaux l’ont également beaucoup fascinée. Elle avait même acheté un cheval de course qui a remporté un tiercé : Hasty Flag.
Chez cette écrivaine excessive en tout mais diablement sympathique, le jeu s’est imposé comme un thème-clé. Passionnée elle-même de tapis verts et de jeux de hasard, ses romans ne pouvaient ne pas en connaître la marque.
Par exemple, les protagonistes de Château en Suède sont toujours en train de jouer aux cartes.
Dans “ La Laisse “, Laurence s’adonne au bridge en compagnie de ses anciennes amies de classe tous les mois, plus précisément les premiers jeudis. Dans ” Un piano sur l’herbe “, la belote est le jeu favori des héros du livre.
Les personnages de Françoise Sagan sont également nombreux à priser la roulette, par exemple, Valentin qui fréquente l’établissement de Monte-Carlo dans ” La robe Mauve de Valentine “.
Igor de Bonheur, ” Impasse et passe “, livre au titre plus qu’évocateur, flambera son existence à dépenser son argent au Pharaon.
Les courses de chevaux figurent également dans ses romans, comme ” La Laisse ” où ” Coriolan et Vincent ” remportent une forte somme en misant sur Sanseverina.